L’acquisition la semaine dernière d’Axa Canada par Intact n’aura peut-être pas pris tout le monde par surprise, cela représentera néanmoins tout un bouleversement dans le monde de l’assurance. S’il était un secret de polichinelle qu’Intact lorgnait du côté d’Axa dont on entendait des rumeurs de vente, la nouvelle ne sera finalement tombée que mardi dernier. Intact a alors annoncé qu’elle avalait la filiale canadienne de la société française AXA pour 2,6 milliards.
Intact ne sonne peut-être pas familier aux oreilles de tous et chacun. En effet, Intact est né début 2010 d’un groupe de financiers corporatifs désirant faire l’acquisition des activités canadiennes d’assurances d’ING, un nom qui devrait vous être déjà plus familier. Si on veut retracer plus loin encore le parcours d’Intact au Canada, il faut remonter au début du XIXe siècle lors de la création de la compagnie d’assurance Halifax Fire Insurance Association. La compagnie ne sera vendue qu’en 1950 au groupe Néerlandais Nationale-Nederlander qui allait éventuellement devenir ING via des acquisitions multiples, notamment Groupe Commerce en 1970, un nom qui est demeuré utilisé jusqu’il y a quelques années.
En faisant l’acquisition d’AXA, Intact devient indiscutablement le leader de l’assurance de dommages au Canada. Intact tentera donc d’intégrer les 2 milliards de volume prime pour atteindre les 6,5 milliards de volume selon le dernier rapport de SCOR 2010. Ce faisant, Intact double ainsi Aviva Canada et son volume prime de 3,3 milliards. Est-ce qu’Aviva tout comme les autres joueurs majeurs canadiens demeureront en reste? Il y a fort à parier que non car un effet domino est souvent à prévoir dans des industries en consolidation. D’ailleurs, la démutualisation du Groupe Economical, représenté au Québec par la compagnie d’assurance Missisquoi, ne semble pas vouloir être le fruit du hasard. Il serait naïf d’écarter complètement la thèse de la vente éventuelle du groupe.
Il y a aura d’autres problèmes. Si Intact peut maintenant se vanter d’avoir plus de 16% du marché canadien et près de 30% du marché québécois, certaines règles de concurrence causeront des maux de tête à plusieurs, notamment aux propriétaires de cabinets de courtage. Les cabinets qui plaçaient majoritairement chez Intact et Axa se retrouveront avec un niveau de concentration de volume trop élevé pour être véritablement considéré comme des courtiers. Ce sera à eux d’évaluer toutes les opportunités, et ce sera à ce moment que le défi d’Intact sera grand. Faire l’acquisition de 2 milliards de volume se fait peut-être relativement rapidement et facilement, mais le conserver et le rentabiliser par synergie sera une autre paire de manches. À voir!
