Le Canada est effectivement un grand pays. Alors qu’en Montérégie, au Québec, les inondations sévissent depuis plus d’un mois, à l’autre extrémité du pays, en Alberta, ce sont les incendies qui causent problème. Deux épreuves qui se vivront de bien différente façon mais dont le drame est sans borne.
Slave Lake est une petite municipalité d’Alberta en bordure du Petit Lac des Esclaves, qu’il ne faut pas confondre avec le Grand Lac des Esclaves – 5e plus grand lac du Canada situé dans les Territoires du Nord-Ouest. La petite municipalité est aux prises depuis plus de 10 jours avec d’importants feux de forêts qui ont dévasté jusqu’à présent entre 30% et 40% de la municipalité d’un peu plus de 7000 âmes. Si le pire est passé, dit-on, les résidents évacués ne pourront regagner leurs maisons – pour ceux qui en ont toujours une – que la fin de semaine prochaine. Depuis le début de l’année, près de 3500 kilomètres de forêts albertaines ont été détruites par les feux qui font d’ailleurs toujours rage. À ce jour, plus de 40 sont toujours actifs dont 7 hors de contrôle.
Heureusement, la couverture incendie est le principe de base de l’assurance au Canada. Ainsi, tous les assurés touchés auront droit à la pleine couverture de leur contrat d’assurance habitation ou commercial, ce qui viendra assurément couvrir d’un baume la tristesse de perdre sa demeure et ses souvenirs.
La facture sera salée pour les assureurs. Très salée. Probablement pire que celle qu’ils avaient assumée en 2003 lorsque l’on voyait les flammes détruire une à une les maisons cossues de Kelowna en Colombie-Britannique. Ces incendies avaient alors coûté 200 millions de dollars aux assureurs à l’époque.
Aujourd’hui, les bilans demeurent incomplets, mais si on se fie aux chiffres, entre 500 et 1000 maisons et commerces sont complètements détruits. La facture d’un incendie pour un assureur atteint rarement moins de 200 000$. Faites le calcul vous-même…
Lorsqu’ils sont touchés par un sinistre aussi important, les assureurs se tournent alors vers les réassureurs internationaux, présent notamment lors des grandes catastrophes, pour assumer une partie de la facture. De cette façon, leur solvabilité est assurée. C’est au renouvellement des traités de réassurance que les assureurs subiront le contrecoup du sinistre et, indirectement, que les assurés du monde entier assumeront une partie de la facture.
En attendant, Slave Lake se relèvera péniblement de cette épreuve. Rien n’indique que tous les assurés reconstruiront leurs maisons et que la municipalité saura traverser ce désastre. La plupart des contrats d’assurance n’obligeant pas l’assuré à reconstruire et si la morosité s’empare du village, plusieurs habitants pourraient être tentés de déménager dans les plus grands centres, notamment à Edmonton, à tout juste 250 kilomètre du village.
